Par JJB
1) LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION
Le 12 octobre 2011, Dacian Ciolos, le commissaire à l'agriculture et au développement rural, a dévoilé les propositions de la Commission européenne pour la réforme de la Politique agricole commune (PAC). Celle-ci rentrera en vigueur le 1er janvier 2014, pour la période 2014-2020. Les enjeux sont considérables: comment satisfaire à la fois les principes du libre-échange de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et les exploitations agricoles en position fragile sur le marché (de par leur taille, leur fonctionnement extensif ou leur situation géographique)? Comment assurer la sécurité de l'approvisionnement alimentaire, et donc la productivité, en même temps que la prise en compte des aspects environnementaux? Comment, enfin, instaurer un meilleur équilibre entre les subventions par hectare parmi les différents Etats-membres? En effet, aujourd'hui, en moyenne, les aides s'élèvent à plus de 500 euros par hectare en Grèce, et autour de 100 euros dans les pays baltes.
Face à ces challenges, les propositions de la Commission européenne ont de quoi surprendre. En effet, c'est un éventail très large de mesures créatives.
AInsi, il est prévu de mieux cibler les aides aux revenus, à travers des nouveaux paiements pour soutenir la viabilité du secteur agricole (notamment des aides pour les jeunes agriculteurs et les zones défavorisées), et une aide de base réformée: celle-ci sera plafonnée à un maximum de 300.000 euros par exploitation/an, et n'augmentera que de manière dégressive à partir de 150.000 euros; de plus, elle sera mieux repartie entre les agriculteurs, les régions et les Etats-membres.
Les pratiques agricoles protegeant l'environnement feront l'objet de 30% des paiements directs (il y a même une discussion sur la possibilité de supprimer une partie supplémentaire des aides directes pour les agriculteurs qui ne mettent en oeuvre aucune pratique de protection environnementale).
De même, suite aux chocs des prix alimentaires des dernières années, la Commission propose la création d'une réserve de crise, forte de 3,5 milliards d'euros, afin de financer des outils de gestion de crise, qui soient efficaces et réactifs. Au sein de la chaîne alimentaire, la Commission souhaite renforcer la position des agriculteurs, par exemple grâce à une meilleure transparence des règles de concurrence, un système d'organisations interprofessionnelles et des circuits plus courts et directs entre les producteurs et les consommateurs. Quant au budget de recherche et d'innovation agronomique, la Commission entend bien le doubler, afin de mettre en place une "agriculture de la connaissance".
Le deuxième pilier de la PAC, celui qui est destiné au développement rural (à la différence du premier pilier, qui concerne le soutien du marché et des prix), jouera un rôle encore plus important pour préserver les multiples fonctions de l'agriculture sur l'ensemble du territoire (et non pas seulement sur quelques zones agricultures particulièrement favorables) : en effet, l'agriculture est un fournisseur d'emplois, de nourriture et de matières premières, ainsi qu'un élément-clé pour la vie sociale, les traditions et l'identité locales, ainsi que pour l'entretien des paysages...
Enfin, la Commission souhaite rendre la gestion de la PAC plus efficace et plus simple.
Reste à savoir ce qui restera de ces nombreuses ambitions à la fin du processus de mise en oeuvre des détails qui va commencer maintenant... De plus, le budget de la nouvelle PAC n'a pas encore été décidé, - une incertitude majeure qui pèse sur les projets actuels.
Different texts of mine are gathered here. The approach is multilingual and interdisciplinary. The topics are international, focusing on sustainability, economy, politics and social aspects. Enjoy! -JJ Bürger-
Dieser Blog präsentiert eine Auswahl verschiedener Texte von mir. Die Herangehensweise ist multilingual und interdisziplinär. Die Themen sind international und betreffen vor allem Nachhaltigkeit, Wirtschaft, Politik und soziale Aspekte.
Viel Vergnügen! - JJ Bürger -
Ce blog rassemble une séléction de mes textes. L'approche est plurilingue et interdisciplinaire. Les sujets sont internationaux et concernent notamment la durabilité, l'économie, la politique et certains aspects sociaux. Bonne lecture! - JJ Bürger -
Viel Vergnügen! - JJ Bürger -
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Friday, October 28, 2011
Wednesday, October 19, 2011
Qui sera "la nouvelle Arabie saoudite de l'énergie solaire"? Le Groenland, la lune, les partenariats Europe-Maghreb ou les Emirats arabes unis
En Groenland, certains citoyens sont fascinés par l'énergie solaire. Et ce alors que, pendant 6 mois sur 12, cette région nordique ne profite pas pleinement du soleil. Mais malgré les sévères nuits arctiques, les défenseur de l'énergie solaire insistent: à cause des réflêts sur la neige, il y aurait, même en hiver, une luminosité considérable. De plus, selon eux, il s'agit aussi de faire changer les mentalités, afin que leurs concitoyens s'habituent à l'idée que l'électricité ne provient pas forcément toujours de moteurs diesel.
Source : http://www.guardian.co.uk/environment/2008/feb/05/climatechange |
Plus incroyable encore que l'énergie solaire en Groenland, c'est l'énergie solaire... sur la lune! C'est un projet qui a été élaboré par l'entreprise japonaise Shimuzu corporation sous le nom de "Luna Ring". Un miroir des rayons de soleil, en forme d'anneau autour de la lune. Les images du site de l'entreprise parlent pour elles-mêmes. Reste à savoir quels seront les coûts, ne serait-ce que ceux de la construction d'un anneau de 40km de largeur autour de la lune... sans compter le coût de la technologie à instaurer sur la lune et sur terre.
Face à de telles conceptions, les projets à l'instar de Desertec, entre l'Europe et les pays du Maghreb, ne semblent plus si improbables... Néanmoins, Desertec rencontre aujourd'hui encore un certain nombre d'obstacles de lancement ainsi que des critiques d'ONG. Dans tous les cas, c'est un véritable défi pour deux objectifs majeurs de la politique d'énergie de l'Union européenne : la sécurité de l'approvisionnement énergétique, et "l'Europe qui parle d'une seule voix" en matière de politique énergétique étrangère.
Source: Neue Zürcher Zeitung |
Dans la course vers les nouveaux Eldorados de l'énergie solaire, les journalistes et les commerciaux qualifient les projets souvent de "nouvelle Arabie saoudite de l'énergie renouvelable". Et si cette nouvelle Arabie saoudite était... les Emirats arabes unis? Ceux-ci ont lancé, eux aussi, un projet immense, appelé Shams 1 ("shams" signifiant soleil en arabe). Avec 100 à 125 MWe, c'est la plus grande centrale de production d'électricité à partir de l'énergie solaire thermique au monde. Mais méfiez-vous : certes, à la différence des autres projets, les lieux de la production et de la consommation sont très proches les uns des autres, et le soleil n'est jamais rare à Abou Dhabi. Mais ce n'est pas pour autant que ce projet est à l'abri de complications. En effet, le rendement énergétique risque d'être inférieur aux prévisions, car les particules de poussière et de sable absorberaient une partie considérable de l'énergie solaire. Ainsi, les études préalables, faites à partir de satellites, n'auraient pas réussi à déduire cette énergie perdue du total de l'énergie solaire qui frappera Shams 1.
Monday, October 10, 2011
Energie européenne : Compteurs intelligents, production intelligente, consommation intelligente? (2), (3)
Par JJB
Dans la mesure de ce qui est techniquement possible et économiquement et écologiquement raisonnable, les États-membres de l'Union européenne "veillent à ce que [...] les clients finals [...] reçoivent [...] des compteurs individuels qui mesurent avec précision leur consommation et qui fournissent des informations sur le moment où l'énergie a été utilisée." C'est ce qui est stipulé dans la directive européenne sur l'efficacité énergétique de 2006, article 13. La proposition pour une nouvelle directive sur l'efficacité énergétique retient cette idée et propose le 1er janvier 2015 comme date limite pour que "la facturation soit précise et fondée sur la consommation réelle" dans tous les Etats-membres (article 8.2).
Si ces textes concernent plusieurs formes de consommation d'énergie (à savoir l'électricité, mais aussi le gaz naturel, l'eau chaude, ainsi que le chauffage et le refroidissement urbain), c'est aujourd'hui dans le domaine de l'électricité que la technologie des "compteurs intelligents" (anglais : smart meters) a fait le plus de progrès. Il s'agit de boîtiers numériques permettant d'identifier la consommation en temps réel d'électricité, et de faciliter les interventions à distance, plus rapides et moins chers que l'envoi sur place de techniciens.
Nombreuses sont les méthodes mises en oeuvre dans les différents pays pour atteindre cet objectif...
2) Italie
- POUR -
En Italie, un projet de compteurs intelligents à grande échelle a été déployé, que certains osent même qualifier de "Smart Meter Revolution : Showing the world how it's done", permettant aux clients "attentifs" de réduire leur facture d'électricité de moitié.
En effet, l'initiative italienne a suscité un écho mondial. Enel, le leader italien de la distribution d'électricité, a installé des compteurs intelligents pour 32 millions de clients, dont 27 millions d'installations ont été réalisées en seulement cinq ans. Selon certaines sources, l'investissement a été rentabilisé en seulement quelques années, en sorte que les compteurs intelligents génèrent aujourd'hui des économies de plusieurs millions d'euros par an. D'après Enel, 13 millions compteurs intelligents vont être installés par ses filiales en Espagne durant la période 2010-2015, et le système sera également transposé à la distribution gazière.
3) Allemagne
- CONTRE -
Plusieurs projets de compteurs intelligents sont en marche en Allemagne. EnBW, Vattenfall et RWE ont entâmé leurs projets pilotes. Mais comme en Californie et ailleurs, ces projets ont aussi provoqué des critiques. Par exemple, selon un journal spécialiste et Der Spiegel, leur sécurité informatique ne serait pas suffisamment forte, ce qui pourrait entrainer des cyber-attaques et de fortes perturbations sur le réseau. D'autres craignent que les informations détaillées sur les modalités de consommation d'électricité pourront être utilisées pour surveiller le comportement de chacun (et même le choix d'émissions de télévision!). Également nombreux sont ceux qui remettent en cause la capacité réelle des consommateurs d'adapter leur consommation d'électricité aux fluctuations de prix causées par les heures de pointes de la demande (cf. par exemple ici, sous "Nachteile").
---
Une solution qui pourrait satisfaire un bon nombre de ces critiques serait la généralisation d'offres comme le BluePod de l'entreprise française Voltalis, car elle ne concerne que les appareils énergievores (ballons d'eau chaude, climatisation, chauffage, etc.), qui ne révèlent pas de détails trop personnels. Selon Voltalis, ces micro-coupures ne gêneraient pas le confort des consommateurs et permettraient pourtant à chacune des parties impliquées de réaliser des économies. Néanmoins, cette offre n'a pas vocation à remplacer les anciens compteurs; ainsi, elle ne pourra pas prétendre à satisfaire, à elle seule, la directive européenne qui exige un relevé détaillé pour l'ensemble de la consommation d'électricité et d'énergie.
Dans la mesure de ce qui est techniquement possible et économiquement et écologiquement raisonnable, les États-membres de l'Union européenne "veillent à ce que [...] les clients finals [...] reçoivent [...] des compteurs individuels qui mesurent avec précision leur consommation et qui fournissent des informations sur le moment où l'énergie a été utilisée." C'est ce qui est stipulé dans la directive européenne sur l'efficacité énergétique de 2006, article 13. La proposition pour une nouvelle directive sur l'efficacité énergétique retient cette idée et propose le 1er janvier 2015 comme date limite pour que "la facturation soit précise et fondée sur la consommation réelle" dans tous les Etats-membres (article 8.2).
Si ces textes concernent plusieurs formes de consommation d'énergie (à savoir l'électricité, mais aussi le gaz naturel, l'eau chaude, ainsi que le chauffage et le refroidissement urbain), c'est aujourd'hui dans le domaine de l'électricité que la technologie des "compteurs intelligents" (anglais : smart meters) a fait le plus de progrès. Il s'agit de boîtiers numériques permettant d'identifier la consommation en temps réel d'électricité, et de faciliter les interventions à distance, plus rapides et moins chers que l'envoi sur place de techniciens.
Nombreuses sont les méthodes mises en oeuvre dans les différents pays pour atteindre cet objectif...
2) Italie
- POUR -
En Italie, un projet de compteurs intelligents à grande échelle a été déployé, que certains osent même qualifier de "Smart Meter Revolution : Showing the world how it's done", permettant aux clients "attentifs" de réduire leur facture d'électricité de moitié.
En effet, l'initiative italienne a suscité un écho mondial. Enel, le leader italien de la distribution d'électricité, a installé des compteurs intelligents pour 32 millions de clients, dont 27 millions d'installations ont été réalisées en seulement cinq ans. Selon certaines sources, l'investissement a été rentabilisé en seulement quelques années, en sorte que les compteurs intelligents génèrent aujourd'hui des économies de plusieurs millions d'euros par an. D'après Enel, 13 millions compteurs intelligents vont être installés par ses filiales en Espagne durant la période 2010-2015, et le système sera également transposé à la distribution gazière.
3) Allemagne
- CONTRE -
Plusieurs projets de compteurs intelligents sont en marche en Allemagne. EnBW, Vattenfall et RWE ont entâmé leurs projets pilotes. Mais comme en Californie et ailleurs, ces projets ont aussi provoqué des critiques. Par exemple, selon un journal spécialiste et Der Spiegel, leur sécurité informatique ne serait pas suffisamment forte, ce qui pourrait entrainer des cyber-attaques et de fortes perturbations sur le réseau. D'autres craignent que les informations détaillées sur les modalités de consommation d'électricité pourront être utilisées pour surveiller le comportement de chacun (et même le choix d'émissions de télévision!). Également nombreux sont ceux qui remettent en cause la capacité réelle des consommateurs d'adapter leur consommation d'électricité aux fluctuations de prix causées par les heures de pointes de la demande (cf. par exemple ici, sous "Nachteile").
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Une solution qui pourrait satisfaire un bon nombre de ces critiques serait la généralisation d'offres comme le BluePod de l'entreprise française Voltalis, car elle ne concerne que les appareils énergievores (ballons d'eau chaude, climatisation, chauffage, etc.), qui ne révèlent pas de détails trop personnels. Selon Voltalis, ces micro-coupures ne gêneraient pas le confort des consommateurs et permettraient pourtant à chacune des parties impliquées de réaliser des économies. Néanmoins, cette offre n'a pas vocation à remplacer les anciens compteurs; ainsi, elle ne pourra pas prétendre à satisfaire, à elle seule, la directive européenne qui exige un relevé détaillé pour l'ensemble de la consommation d'électricité et d'énergie.
Energie européenne : Compteurs intelligents, production intelligente, consommation intelligente? (1)
Par JJB
Dans la mesure de ce qui est techniquement possible et économiquement et écologiquement raisonnable, les États-membres de l'Union européenne "veillent à ce que [...] les clients finals [...] reçoivent [...] des compteurs individuels qui mesurent avec précision leur consommation et qui fournissent des informations sur le moment où l'énergie a été utilisée." C'est ce qui est stipulé dans la directive européenne sur l'efficacité énergétique de 2006, article 13. La proposition pour une nouvelle directive sur l'efficacité énergétique retient cette idée et propose le 1er janvier 2015 comme date limite pour que "la facturation soit précise et fondée sur la consommation réelle" dans tous les Etats-membres (article 8.2).
Si ces textes concernent plusieurs formes de consommation d'énergie (à savoir l'électricité, mais aussi le gaz naturel, l'eau chaude, ainsi que le chauffage et le refroidissement urbain), c'est aujourd'hui dans le domaine de l'électricité que la technologie des "compteurs intelligents" (anglais : smart meters) a fait le plus de progrès. Il s'agit de boîtiers numériques permettant d'identifier la consommation en temps réel d'électricité, et de faciliter les interventions à distance, plus rapides et moins chers que l'envoi sur place de techniciens.
Nombreuses sont les méthodes mises en oeuvre dans les différents pays pour atteindre cet objectif...
1) France
- DEUX EXEMPLES -
En France, l'opérateur historique a lancé le compteur intelligent Linky, dont la phase d'expérimentation s'est récemment achevée. Environ 250.000 compteurs Linky ont été déployés au total par le distributeur ERDF dans le Grand Lyon et en Indre-et-Loire. La généralisation des compteurs Linky sur toute la France a été annoncée fin septembre 2011. Néanmons, en juin 2011, le projet Linky a fait l'objet de quelques articles journalistiques peu optimistes : suite à un article du Parisien, des sources officielles ont confirmé que le service de suivi détaillé de la consommation via un compte Linky sur Internet pourra éventuellement être payant. Selon les calculs du Parisien, cela pourrait remettre en question la gratuité de Linky pour les clients, malgré les économies d'énergie que ce service permettrait de réaliser.
Cependant, dans son discours de presse du 28 septembre 2011, Eric Besson, ministre de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, retient le principe de la gratuité de l'installation et des services pour les consommateurs (grâce à l'auto-financement des investissments d'ERDF, par le biais des gains d'efficacité). Sur ce point, selon le ministre, la prise en compte des besoins des consommateurs a été particulièrement renforcée, suite aux échanges avec des associations de consommateurs. En outre, Monsieur Besson se félicite: "Avec 35 millions de compteurs à déployer, le projet « Linky » est le plus ambitieux plan de déploiement de compteurs « communicants » dans le monde."
En effet, Linky fait face à la concurrence de Voltalis, une jeune entreprise française qui propose un outil d'intelligence électrique nommé BluePod. Ce projet, lui aussi, a conclu sa phase initiale. Aujourd'hui, Voltalis propose partout en France des installations gratuites de boîtiers sur les compteurs et un suivi gratuit des consommations en temps réel sur Internet. En effet, à la différence de Linky, le BluePod ne remplace pas l'ancien compteur, et l'option explicitement gratuite du suivi sur Internet a fait partie du BluePod dès sa première distribution.
Pour Voltalis, cette démarche gratuite ne peut pas se financer par des gains d'efficacité automatiques sur lesquels ERDF peut s'appuyer, tels que la réduction automatique des déplacements de techniciens pour les relevés de compteurs. Quel est donc la démarche qui rend l'offre de Voltalis rentable? Il s'agit de l'effacement diffus : le BluePod opère de temps en temps des micro-coupures sur les appareils particulièrement énergievores (comme les ballons d'eau chaude et les chauffages). Selon Voltalis, cela ne gêne pas le confort du consommateur, tout en réduisant sa consommation totale d'électricité. Ainsi, aux heures de pointe de la consommation d'électricité, Voltalis peut vendre de l'électricité au Réseau de Transport d'Electricité (RTE). Plus précisément, Voltalis vend à RTE de l'électricité non consommée; autrement dit : de la capacité de consommation. Effectivement, RTE sera alors amené à acheter cette forme d'électricité supplémentaire peu onéreuse afin de rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande.
La question de la rémunération de cette vente d'électricité non consommée a fait des débats, y compris devant la justice. En 2009, la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) avait décidé que Voltalis devait rembourser EDF pour l'électricité non consommée et redistribuée. En 2011 pourtant, le Conseil d'Etat a annulé cette décision. Reste donc juste à discuter si la solution la plus "saine" est de charger les distributeurs historiques d'opérer des effacements diffus ou de conférer cette tâche aux entreprises nouvelles, externes à la production (cf. ce débat entre le PDG de Voltalis et un autre ingénieur des mines).
En tout état de cause, et sans parti pris : si l'effacement diffus est opéré de manière intelligente et commode pour les consommateurs et pour les distributeurs et les producteurs d'électricité, cela pourrait signifier des gains importants pour toute la société et pour l'environnement.
Dans la mesure de ce qui est techniquement possible et économiquement et écologiquement raisonnable, les États-membres de l'Union européenne "veillent à ce que [...] les clients finals [...] reçoivent [...] des compteurs individuels qui mesurent avec précision leur consommation et qui fournissent des informations sur le moment où l'énergie a été utilisée." C'est ce qui est stipulé dans la directive européenne sur l'efficacité énergétique de 2006, article 13. La proposition pour une nouvelle directive sur l'efficacité énergétique retient cette idée et propose le 1er janvier 2015 comme date limite pour que "la facturation soit précise et fondée sur la consommation réelle" dans tous les Etats-membres (article 8.2).
Si ces textes concernent plusieurs formes de consommation d'énergie (à savoir l'électricité, mais aussi le gaz naturel, l'eau chaude, ainsi que le chauffage et le refroidissement urbain), c'est aujourd'hui dans le domaine de l'électricité que la technologie des "compteurs intelligents" (anglais : smart meters) a fait le plus de progrès. Il s'agit de boîtiers numériques permettant d'identifier la consommation en temps réel d'électricité, et de faciliter les interventions à distance, plus rapides et moins chers que l'envoi sur place de techniciens.
Nombreuses sont les méthodes mises en oeuvre dans les différents pays pour atteindre cet objectif...
1) France
- DEUX EXEMPLES -
En France, l'opérateur historique a lancé le compteur intelligent Linky, dont la phase d'expérimentation s'est récemment achevée. Environ 250.000 compteurs Linky ont été déployés au total par le distributeur ERDF dans le Grand Lyon et en Indre-et-Loire. La généralisation des compteurs Linky sur toute la France a été annoncée fin septembre 2011. Néanmons, en juin 2011, le projet Linky a fait l'objet de quelques articles journalistiques peu optimistes : suite à un article du Parisien, des sources officielles ont confirmé que le service de suivi détaillé de la consommation via un compte Linky sur Internet pourra éventuellement être payant. Selon les calculs du Parisien, cela pourrait remettre en question la gratuité de Linky pour les clients, malgré les économies d'énergie que ce service permettrait de réaliser.
Cependant, dans son discours de presse du 28 septembre 2011, Eric Besson, ministre de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, retient le principe de la gratuité de l'installation et des services pour les consommateurs (grâce à l'auto-financement des investissments d'ERDF, par le biais des gains d'efficacité). Sur ce point, selon le ministre, la prise en compte des besoins des consommateurs a été particulièrement renforcée, suite aux échanges avec des associations de consommateurs. En outre, Monsieur Besson se félicite: "Avec 35 millions de compteurs à déployer, le projet « Linky » est le plus ambitieux plan de déploiement de compteurs « communicants » dans le monde."
En effet, Linky fait face à la concurrence de Voltalis, une jeune entreprise française qui propose un outil d'intelligence électrique nommé BluePod. Ce projet, lui aussi, a conclu sa phase initiale. Aujourd'hui, Voltalis propose partout en France des installations gratuites de boîtiers sur les compteurs et un suivi gratuit des consommations en temps réel sur Internet. En effet, à la différence de Linky, le BluePod ne remplace pas l'ancien compteur, et l'option explicitement gratuite du suivi sur Internet a fait partie du BluePod dès sa première distribution.
Pour Voltalis, cette démarche gratuite ne peut pas se financer par des gains d'efficacité automatiques sur lesquels ERDF peut s'appuyer, tels que la réduction automatique des déplacements de techniciens pour les relevés de compteurs. Quel est donc la démarche qui rend l'offre de Voltalis rentable? Il s'agit de l'effacement diffus : le BluePod opère de temps en temps des micro-coupures sur les appareils particulièrement énergievores (comme les ballons d'eau chaude et les chauffages). Selon Voltalis, cela ne gêne pas le confort du consommateur, tout en réduisant sa consommation totale d'électricité. Ainsi, aux heures de pointe de la consommation d'électricité, Voltalis peut vendre de l'électricité au Réseau de Transport d'Electricité (RTE). Plus précisément, Voltalis vend à RTE de l'électricité non consommée; autrement dit : de la capacité de consommation. Effectivement, RTE sera alors amené à acheter cette forme d'électricité supplémentaire peu onéreuse afin de rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande.
La question de la rémunération de cette vente d'électricité non consommée a fait des débats, y compris devant la justice. En 2009, la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) avait décidé que Voltalis devait rembourser EDF pour l'électricité non consommée et redistribuée. En 2011 pourtant, le Conseil d'Etat a annulé cette décision. Reste donc juste à discuter si la solution la plus "saine" est de charger les distributeurs historiques d'opérer des effacements diffus ou de conférer cette tâche aux entreprises nouvelles, externes à la production (cf. ce débat entre le PDG de Voltalis et un autre ingénieur des mines).
En tout état de cause, et sans parti pris : si l'effacement diffus est opéré de manière intelligente et commode pour les consommateurs et pour les distributeurs et les producteurs d'électricité, cela pourrait signifier des gains importants pour toute la société et pour l'environnement.
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