Dieser Blog präsentiert eine Auswahl verschiedener Texte von mir. Die Herangehensweise ist multilingual und interdisziplinär. Die Themen sind international und betreffen vor allem Nachhaltigkeit, Wirtschaft, Politik und soziale Aspekte.
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Wednesday, December 28, 2011

Agriculture : Une réforme PAComme les autres (4)

Par JJB

Les propositions de la Commission pour la réforme de la PAC ont été qualifiées par certains de « révolutionnaires ». Depuis longtemps, ce genre de vocabulaire a accompagné l’histoire des réformes de la politique agricole européenne. Par exemple, quand il était commissaire à l'agriculture, Ray MacSharry a utilisé ce même mot, lorsque la Commission a publié le 31 janvier 1991 le document de réflexion intitulé « Évolution et avenir de la politique agricole commune ». En effet, ce commissaire irlandais avait défendu cette nouvelle stratégie afin de révolutionner la PAC et les négociations au sein du GATT.

Comme nous avons déjà vu, il n’est pas encore certain quelles seront les conséquences définitives de la nouvelle réforme de la PAC. Certaines des propositions « révolutionnaires » pourraient faire l’objet de modifications profondes. En attendant les résultats de ce processus de négociation, pourquoi ne pas jeter un coup d’œil sur l’histoire des « révolutions » agricoles ? En effet, c’est toujours bénéfique de se détacher du contexte contemporain et de gagner, avec un point de vue panoramique, une autre compréhension des enjeux acteuls.


La révolution agricole aux temps bibliques

Selon Donald G. Baker, il y a une importance relevant de l’agriculture et de la sociologie religieuse dans l’histoire biblique des 7 ans „gras“ et des 7 ans „maigres“. Cette histoire parle de Joseph qui réussit à interpréter les rêves mystérieux du pharaon : son pays allait connaître sept ans fertiles de récoltes très riches, et ensuite sept ans de pénuries agricoles. Grâce à cette bonne interprétation, le pays constitue ensuite des stocks alimentaires pendant la période d’abondance, qui lui permettent ensuite de faire face à l’austerité. Pour D.G. Baket, il s’agit là d’une transcription dans la mémoire collective d’un changement de cap : la prise de conscience de la nécessité d‘une prévoyance agricole, et la considération que les sacres aux Dieux ne suffisent plus.

Ce changement de cap s’inscrit, pour D. G. Baker dans un contexte plus large, où le souhait de cultiver les plantes et les animaux signifie également le besoin de cultiver l‘homme et de rationaliser ses activités. Ainsi, agriculture et civilisation seraient interconnectées depuis toujours.


Révolutions du Moyen Âge

Le Moyen Âge a vu naître de nombreux „révolutions“ agricoles. À ce titre, on pourrait citer, par exemple, les déforestations, la formation de villages agricoles, plusieurs innovations techniques (collier de cheval, fer à cheval, etc.) et agricoles (cultures, rythme d‘exploitation, etc.). Néanmoins, il convient de garder à l’esprit que tous ces processus n’ont pas toujours été réalisés du jour au lendemain, ni de façon consciente, alors que le mot « révolution » fait justement référence aux changements brusques poursuivant un objectif bien identifié et réfléchi. Ainsi, on pourrait s’interroger si ces révolutions médiévales n’étaient pas plutôt des simples évolutions.



De la renaissance à l’ère industrielle

Wikipedia n’hésite pas à le dire de manière définitive : « À la fin du XIXe siècle, le monde paysan a effectué une première révolution ». 

Face à ce genre de constat, le chercheur Jean-Marc Moriceau regrette que l’on ait souvent l’impression que « seule l’entrée dans la Révolution industrielle » donnait droit au progrès. Or, selon J.M. Moriceau, il ne faut pas sous-estimer le XVIIIe siècle, marqué, lui aussi, par un certain dynamisme agricole, ni la période de 1560 à 1690, dont la stabilité ne devrait pas être associée à l’immobilité. Au contraire, selon J. M. Moriceau, c’est sur la base de cette stabilité que des progrès ont été possibles au XVIIIe siècle; et c’est en s’appuyant sur ces acquis-là que la « révolution » du XIXe et du XXe  siècle a été réalisé (cf. Jean-Marc Moriceau: Terres Mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation. XIIe-XIXe siècle. Fayard, Paris, 2002. page 33).

Ainsi, la « révolution » agricole ne serait pas le fruit de la Révolution industrielle, mais de plusieurs siècles de progrès agricoles. À l’inverse, il y a également certains qui remettent en cause que la Révolution industrielle aurait été alimentée par une révolution agricole. À ce titre, J.L.Lenhof affirme : « Aucun grand pays industriel d‘Europe, pas même la Grande-Bretagne, n‘a connu au XIXe siècle de révolution agricole, au sens d’une mécanisation de la production. La révolution industrielle a en effet été « nourrie » essentiellement grâce aux apports d’une pêche maritime intensifiée et grâce aux produits agricoles des « pays neufs » […] obtenus de façon extensive, sur des terres jusque-là vierges. » (cité selon Jean-Marc Moriceau, op. cit., page 62)


Conclusions sans harmonie parfaite

Toutefois, il ne serait pas inconcevable de contester ces hypothèses, par des analyses approfondies des pratiques et des changements structurels de l’histoire de l’agriculture, notamment au XIXe siècle. Cette discussion dialectique et détaillée ne peut pas s’effectuer dans le cadre restreint d’un blog, car elle nécessiterait plutôt des milliers de pages d’analyse.  Néanmoins, ces premières réflexions peuvent d’ores et déjà nous servir d’exemple qui illustre plusieurs choses.
D’abord, il faut se méfier des réponses trop faciles et stéréotypées (par exemple « siècles de l’immobilisme total » versus « période minuscule de progrès énorme »); souvent, des concepts plus nuancés sont bien plus pertinents.
Par conséquent, il convient toujours de valoriser non seulement les prétendues « grandes révolutions », mais aussi les petits détails – en se cumulant et en persistant à travers le temps, ceux-ci peuvent gagner une force inattendue.
Enfin, tenons à l’esprit que, contrairement à certaines idées reçues, l’agriculture n’est pas une chose uniforme qui était là depuis toujours et qui sera également toujours là dans l’avenir. Au contraire, comme beaucoup de choses, l’agriculture change tous les jours, elle doit se réadapter sans cesse – et pour réussir ce défi, « c’est un combat de tous les jours », comme disait récemment le ministre Bruno Le Maire lors d'une réunion des Chambres d'agriculture.

Friday, December 2, 2011

Quelles possibilités pour un urbanisme de la poésie?

Par JJB

Se réapproprier l’espace public de la ville – c’est un objectif qui évoque de multiples associations, allant de certaines craintes et utopies sociologiques et urbanistes jusqu’à différentes formes d’art.
La contestation politique, elle aussi, peut investir les endroits publics; ainsi, le mouvement « Occupy » se définit justement par l’occupation, c’est-à-dire la réappropriation, de l’espace public pour une certaine cause politique.

Pourtant ce n’est pas cette (ré)appropriation combattante dont on parlera ici, mais uniquement de l’art comme moyen inclusif des individus pour changer de point de vue sur l’espace public.

D’ailleurs, il faut aussi mentionner que l’appropriation culturelle ou politique de l’espace public peut également être vécue comme une chose très négative, lorsque l’espace est occupé de manière exclusive, c’est-à-dire en marginalisant certains groupes de personnes.
Ici, au contraire, nous ne parlons que de ce genre d'art en public qui invite les passants à participer dans le jeu du changement de regard, plutôt que de leur imposer un point de vue en particulier.

Facile donc pour les beaux arts, la musique et les arts performatifs, de se manifester dans l’espace public de manière inclusive et spontanée. Par exemple:

Les Beaux Arts

Banksy - Caveman ; source

La musique

Contribution à la Fête de la Musique; source


Les arts performatifs

Flashmob de danse; source

Quant à la littérature, elle est moins à l’aise quand il s’agit de relever ce défi. Et pour cause : en effet, comment un individu ou un petit groupe de personnes pourraient-ils mettre en scène de la littérature dans les lieux publics, malgré le stress et la circulation à grande vitesse de la ville ? Ne comptons pas la poésie dans le métro (car non spontanée, mais installée par la direction), les slams (pas un lieu véritablement public) ou les tags (trop courts pour relever de la littérature, et souvent plutôt agressifs qu’inclusifs).
C'est pourquoi une initiative de Clameurs.fr et Welovewords.fr est venue combler ce vide, avec le soutien de la mairie de Paris.
Il s'agit d'écrire de courts textes sur des endroits précis à Paris, qui peuvent être lu sur le site de Welovewords, un réseau social littéraire, et qui peuvent être lié à une carte interactive de la ville de Paris, via Clameurs. Cette carte interactive permet ensuite à chaque utilisateur d'un smart phone d'avoir accès aux textes qui ont été enregistrés sur les lieux du quartier dans lequel il se trouve. Parmi toutes les contributions, un texte sera couronné par un événement festif qui se déroulera au lieu décrit par le texte.

Certes, on pourrait dire que les barrières technologiques sont trop importantes pour qu'une grande majorité de passants puisse consulter ces oeuvres; que l'événement pour le texte gagnant n'est pas purement littéraire, mais aussi musical; que tout cela vise plutôt à faire vivre des gadgets Web2.0 qu'à promouvoir la culture; on pourrait même dire que les textes ne se manifestent pas vraiment dans l'espace public, mais qu'ils restent prisonniers du monde parallèle qu'est l'informatique.
Mais attention: la commercialisation est souvent encore plus frappante lorsqu'il s'agit des arts visuels ou performatifs (à titre d'exemple: cliquer sur les "sources" des images de Banksy et du flashmob ci-dessus).
De plus, au lieu de critiquer les obstacles qui persistent lors du mariage entre la littérature et l'espace public, mieux vaut apprécier les belles synergies que ces deux mondes peuvent développer.

Par exemple, certains utilisateurs ont tenté d'affronter le monde urbain, parfois hostile, de manière lyrique : en écrivant un poème sur le quartier d'affaires de la Défense ou sur les Invalides.
Un autre exemple est la contribution d'EUplanet, qui décrit la rencontre Oberkampf Voltaire (cf. ci-dessous). N'hésitez pas à voter pour vos favoris sur welovewords.fr !

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Oberkampf Voltaire

L’onzième arrondissement se situe entre la République, la Nation, la Bastille et Père Lachaise. Et ce mélange de révolutions monumentales et de réalités lourdement banales qu’elles deviennent, ce mélange est traversé par le boulevard Voltaire, en largeur, et par la rue Oberkampf, en longueur. Voltaire commence par des restaurants et finit par des banques, en passant par des boutiques de vêtements dégriffés, venues de l’étranger. Oberkampf commence par un cirque, près de ce qui fut le boulevard des crimes, et finit par la restauration rapide américaine. Voltaire fut philosophe, Oberkampf, venu de l’étranger, fut producteur de vêtements dégriffés pour Napoléon.


Lorsque leurs voies se croisent… rien ne se passe.


Néanmoins : en faisant très attention, on peut entendre murmurer le canal Saint-Martin, qui se cache sous les boulevards Richard Lenoir et Jules Ferry. Une file d’attente arrive jusqu’à la rue Oberkampf, car les gens ont envie d’écouter les musiciens ou le politicien qui se produiront sur la scène de la fameuse discothèque colorée, juste à côté. Une veille dame rentre du marché, les sacs bien remplis. Dans l’autre direction, deux personnes rentrent de leur balade au Marais en se disputant froidement. Leur chien écoute. Plus loin, devant la boutique des motards, les Communards avait érigé une barricade.
Un groupe de jeunes s’est trompé : les bars se trouvent à l’autre bout de la rue Oberkampf. Une famille passe, qui n’habite plus ici; car ailleurs, il y avait une chambre de plus et une atmosphère plus distinguée. Mais leurs visages ne font pas mine de regretter le changement. Les amis touristes visitent le quartier et adorent l’architecture. Pourtant, sur les balcons du boulevard, au sixième, ce ne sont pas que les fortunés qui bronzent, mais aussi les draps d’un couple de retraités. Et même en bas, sur le trottoir Oberkampf Voltaire, le soleil frappe jusqu’au soir, là où il n’y a aucun vis-à-vis.chambre de plus et une atmosphère plus distinguée. Mais leurs visages ne font pas mine de regretter le changement. Les amis touristes visitent le quartier et adorent l’architecture. Pourtant, sur les balcons du boulevard, au sixième, ce ne sont pas que les fortunés qui bronzent, mais aussi les draps d’un couple de retraités. Et même en bas, sur le trottoir Oberkampf Voltaire, le soleil frappe jusqu’au soir, là où il n’y a aucun vis-à-vis.