Après l'entrée en vigueur du troisième paquet législatif européen sur l'énergie en mars 2011, ce sera le réseau de transport d'énergie en Europe qui sera un des prochains thèmes majeurs de la rentrée pour la DG Énergie et les acteurs de l'énergie. En effet, le Parlement européen a adopté une position, en début du mois de juillet, en ce qui concerne les idées de la Commission européenne pour le réseau de transport énergétique à l'horizon de 2020 et au-delà. Maintenant, ce sera à la Commission de faire des propositions décisionnelles plus concrètes.
Le document, voté en plénière le 5 juillet 2011, a été élaboré par la commission parlementaire ITRE (Industrie, recherche et énergie), par l'espagnol Francisco Wagner Sosa (non inscrit). Les points essentiels sont:
- la planification stratégique des infrastructures énergétiques eu niveau européen, tenant également compte de l'environnement et des pays tiers.
- un scénario complet de développement des infrastructures, à travers le plan décennal de développement du réseau (TYNDP), comprenant également les besoins spécifiques des ilôts énergétiques (zones difficiles d'accès ou de faible densité de population). Ceux-ci seraient susceptibles d'être négligés si l'on ne regardait que le profit économique du gestionnaire de réseau. De même, il faudrait veiller à ce que la sécurité d'approvisionnement et d'éventuelles innovations (énergies renouvelables; nouvelles utilisations de l'électricité, par exemple la voiture électrique; etc...) soient intégrées dans cette planification.
- des réseaux intelligents, qu'il faut encourager, en veillant également sur leur harmonisation mutuelle et sur leur interopérabilité, ainsi que sur le déploiement des compteurs intélligents.
- Une définition claire des projets prioritaires à financer, selon des critères bien précis.
- Une procédure rapide et transparent d'octroi d'autorisations pour ces projets, à travers des guichets uniques nationaux, afin de dynamiser les projets d'intérêt européen du secteur.
- Des instruments de financements provenant essentiellement des mécanismes du marché, mais d'autres sources de financements, notamment les emprunts obligataires garantis par l'Union européenne, gages de sécurité qui pourront attirer des investisseurs supplémentaires.
Les questions de la coopération européenne en matière de transport d'électricité seront donc un sujet important sur l'agenda énergétique européen. Mais les institutions à Bruxelles et Strasbourg ne seront évidemment pas les seules à s'y intéresser. Dans les autres articles de cette série, on a déjà parlé de certains autres acteurs européens. Mais aussi au niveau des différents Etats membres, les préparations de l'avenir de l'infrastructure européenne de l'électricité ont déjà commencé.
Ainsi, Dominique Maillard, président du directoire de RTE (Réseau de Transport d'Electricité), a indiqué à Les Echos (22./23. juillet 2011) que la dimension européenne est très importante pour le réseau français. La sortie du nucléaire en Allemagne, explique-t-il, provoquera d'importantes conséquences pour le réseau en France :
"Si on schématise, l'électricité produite en Belgique et vendue en Italie peut passer par l'Allemagne, la France, la Suisse, voire l'Autriche et la République tchèque. A présent le réseau allemand risque d'être engorgé, car il devra déjà transporter du courant depuis les éoliennes du nord vers le sud du pays, où sont les centres de la consommation. Une partie plus importante devra donc transiter par la France."
Par conséquent, il faudra, selon Monsieur Maillard, "faire en sorte que le réseau européen respire", d'autant plus que la part des renouvelables ne cessera de croître - tout comme les fluctuations auxquelles la production d'énergies renouvelables est soumise. Pour cette respiration du réseau, Dominique Maillard estime qu'il faudra, dans un avenir proche, augmenter les capacités d'interconnexions de 14.000 MW actuels à 28.000 MW. Un vrai défi, car sur les vingt dernières années, seulement 5.000 MW d'interconnexions ont été créés.
À part les acteurs européens, les défis à relever sont donc également très importants pour les acteurs nationaux.